Interviewer les experts : meilleures pratiques pour les radiodiffuseurs et les experts
Introduction
Interviewer des experts apporte une valeur ajoutée à votre émission radiophonique agricole. Cela permet à votre auditoire d’avoir des informations fiables provenant de sources fiables. N’oubliez pas, certains agriculteurs et agricultrices sont eux aussi experts.
Notez que le présent guide pratique pour la radiodiffusion est destiné aussi bien aux radiodiffuseurs qu’aux experts, car il est important que ces deux groupes de personnes connaissent le rôle et la conduite appropriés qu’ils doivent respectivement tenir lors d’une interview.
En quoi interviewer efficacement des experts peut-il m’aider à mieux servir mon auditoire?
- Cela permet à mes auditeurs d’avoir les informations les plus pertinentes et les plus récentes.
- Cela renforce les connaissances et l’expérience de l’auditoire en matière de recherche et de renseignements techniques ou de connaissances traditionnelles précieuses.
- Cela peut rassurer davantage les auditeurs de savoir qu’ils suivent des pratiques agricoles efficaces, ou les aider à modifier les pratiques moins efficaces.
- Cela leur permet d’avoir plus de connaissances et de comprendre les nouvelles pratiques.
- Cela peut les encourager à s’entretenir avec les agents de vulgarisation agricole et d’autres spécialistes au sein de leurs communautés.
Comment cela peut-il m’aider à réaliser de meilleures émissions?
- Cela favorise une collaboration entre l’équipe de la radio et les experts.
- C’est un moyen d’assurer une participation régulière des experts à mes émissions radiophoniques.
Par quoi dois-je commencer?
- Préparatifs
- Démarrage et conclusion
- Soyez respectueux
- Employez les bonnes techniques d’interview
- Existe-t-il une différence entre les interviews réalisées avec des experts et celles réalisées avec des agriculteurs?
- Conflits d’intérêts, différents points de vue sur le savoir-faire
- Résolution de problèmes
- Esquiver les traditions et d’autres sortes d’obstacles à une bonne interview.
- Hommes qui interviewent des femmes et femmes qui interviewent des hommes
- Consolider les liens
Détails
1. Préparatifs
Pour l’intervieweur :
- Définissez le sujet et la portée de l’interview. Par exemple :
- « Aujourd’hui, il sera question d’alimentation de poules à base d’insectes. Nous discuterons des différents types d’insectes qui sont utilisés, des techniques de capture et d’élevage les plus courantes, ainsi que des avantages et des défis que cela comporte pour les agriculteurs. »
- Programmez l’interview suffisamment à l’avance pour vous assurer que l’expert sera libre, et précisez-lui combien de temps l’interview pourrait durer.
- Effectuez des recherches sur le sujet en vue de vous familiariser avec les problèmes et les questions les plus importants. Si vous interviewez un agent de vulgarisation agricole, essayez d’interroger quelques agriculteurs au préalable pour recueillir des questions auxquelles vous savez qu’ils veulent que l’expert réponde.
- Faites une petite recherche sur l’expert que vous interviewerez, ainsi que son domaine d’expertise.
Préparez minutieusement vos questions pour amener la personne interviewée à se concentrer sur le thème abordé. Sinon elle pourrait prendre le contrôle de l’interview et mettre l’accent sur des domaines n’ayant rien avoir avec le sujet à l’ordre du jour. - Assurez-vous que la personne interviewée sait à l’avance que l’interview sera enregistrée, et pourrait être diffusée.
- Assurez-vous que l’expert sait qui sont les auditeurs, par exemple : des petits producteurs de manioc dont le niveau d’instruction n’est pas élevé, et sont plus aptes à comprendre un message livré dans un vocabulaire non technique.
- Le radiodiffuseur doit-il envoyer à l’expert interviewé une liste des questions d’interview?
Même si beaucoup de personnes pensent que cela devrait être le cas, cette façon de faire peut avoir des inconvénients. Le fait de fournir une liste complète de questions à l’avance peut entraîner une prise de contrôle de l’interview par l’expert qui pourrait imposer les questions qui seront posées, et auxquelles il ou elle répondra. En outre, plutôt que de répondre à une question à la fois, (ce qui permet à l’auditoire de développer ses connaissances graduellement), l’expert peut répondre à une question, puis faire un discours contenant des réponses à plusieurs autres questions, mais qui ne sont pas assez détaillées et qui ne laissent aucune place pour des questions de contrôle. Considérant ces inconvénients, il est conseillé au radiodiffuseur de notifier d’avance à l’expert (par exemple : au moment de fixer une date et une heure pour l’interview au téléphone) le sujet qui sera analysé, et de lui fournir une petite liste du type de questions auxquelles la personne pourrait s’attendre. Cet entretien afférent à la programmation de l’interview doit être le plus détaillé possible afin que l’expert soit préparé pour le sujet dont il sera question, mais sans qu’il ait les véritables questions.
Pour l’expert
- Étudiez le sujet de l’interview pour avoir les données pertinentes sous la main, et avoir de l’assurance.
- Éteignez votre téléphone avant l’interview face à face afin de minimiser les distractions.
- Pourquoi ne résumeriez-vous pas de façon précise vos points de vue sur certains problèmes majeurs pour éviter de radoter durant l’interview, et ce, même si vous ne disposez pas d’une liste de questions exactes pour celle-ci? Cependant, ce n’est pas faire une bonne émission que de lire vos réponses comme si vous lisiez un cours à haute voix. Une interview doit être une conversion. Aussi, répondez aux questions de l’intervieweur à mesure qu’il ou elle les pose, et comme s’il s’agissait d’une conversation.
- Par exemple : en Ouganda, un expert pourrait se préparer pour une interview en dressant une liste de stéréotypes se rapportant aux rôles des hommes et des femmes dans la production bananière : 1) une femme mariée n’est pas censée récolter les bananes parce qu’elle sera considérée comme une voleuse; 2) les femmes ne sont pas supposées vendre de la banane qui produit du jus; les femmes ne peuvent pas être propriétaires d’une bananeraie.
Note : il incombe toujours au radiodiffuseur de définir le sujet et d’orienter l’interview, car la personne connaît le but de l’émission et se doit de fournir aux auditeurs les informations dont ils ont besoin.
2. Démarrage et conclusion
Pour l’intervieweur :
Démarrage :
- Si vous aviez interviewé l’expert dans le passé, ramenez au souvenir de la personne le dernier enregistrement que vous avez réalisé avec elle. Dites-lui à quel point cela avait été utile, et, si vous ne l’avez pas encore fait, mentionnez-lui quelques commentaires émis par les auditeurs.
- Avant de prendre la parole, souriez à la personne que vous interviewez pour établir un contact et présentez-la selon les règles.
- Durant l’enregistrement, et lorsque vous réalisez une interview en direct, proposez une bonne introduction sur l’interview. Par exemple : présentez le problème concernant lequel vous voulez interviewer l’expert, ainsi que l’expérience qu’ont les populations locales dudit problème et l’impact de celui-ci sur leur quotidien. Puis, présentez la personne que vous interviewerez et dites en ce problème la concerne, ainsi que son expertise dans le domaine. De plus, expliquez votre désir d’obtenir des renseignements plus détaillés auprès de l’expert. Par exemple :
- Le changement climatique nuit toujours considérablement aux agriculteurs, surtout dans les zones les plus arides de notre région. Quelles stratégies les agriculteurs devraient-ils employer face au changement climatique? Nous recevons M. John Phiri, un expert en matière d’impact du changement climatique sur la production agricole. M. Phiri nous aidera à démêler certaines de ces méthodes.
Conclusion :
- Rappelez aux auditeurs le thème de l’interview et résumez certaines informations que la personne interviewée a données. Par exemple : Vous pourriez dire :
- Vous venez juste d’entendre Patience Abdulai de Tumu nous parler de son expérience en matière d’agriculture de conservation. Elle a expliqué que les trois plus gros avantages en ce qui la concerne sont que, comme elle est enceinte et a besoin de se reposer plus, le travail réduit du sol est beaucoup plus facile. En outre, la rotation des cultures permet à sa famille de diversifier ses cultures, ce qui est pratique non seulement pour la vente au marché, mais aussi pour la nutrition. Et pour terminer, après avoir pratiqué l’agriculture de conservation pendant quelques années, elle commence à savoir que des sols bien portants sont synonymes de meilleurs rendements, et que même si cela lui a pris quelques années, elle voit la différence maintenant. » Ne dites pas simplement : « Vous venez d’entendre Patience Abdulai de Tumu qui nous a parlé des avantages de l’agriculture de conservation.
- Vous pouvez également demander à la personne que vous interviewez de résumer les points les plus importants que vous avez abordés.
- Exprimez-lui votre reconnaissance. Par exemple :
- Nous vous sommes très reconnaissants de nous avoir fait part de vos opinions et espérons vous avoir la prochaine fois à l’émission. » Ou dites simplement : « Merci d’avoir été des nôtres à l’émission aujourd’hui.
- Assurez-vous de sauvegarder l’enregistrement, et enregistrez-le sous un nom qui vous indique clairement qui vous avez interviewé, la date et le sujet.
3. Soyez respectueux
Pour l’intervieweur et l’expert :
- Évitez d’annuler l’interview à la dernière minute. Respectez le fait que l’autre personne a des obligations, et prévenez-la très tôt si vous devez annuler l’interview.
- Évitez d’interrompre constamment.
- Soyez à l’heure!
- Écoutez attentivement l’autre personne.
- Évitez les expressions du visage ou le langage corporel qui reflètent l’ennui, la frustration ou la colère. Évitez de secouer la tête lorsque vous n’êtes pas d’accord avec l’autre.
- Évitez de réfuter l’expérience de l’autre personne, par exemple : « Non, les agriculteurs ont accès aux semences. Ils sont juste trop paresseux pour aller en chercher. » OU « Les experts ne prêtent jamais attention aux besoins des agriculteurs de toute manière, par conséquent je suis sûr que le ministère ne fera rien à cet effet. »
- Évitez les débats dans lesquels chaque partie pense avoir raison et tente de prouver que l’autre personne est incompétente ou ne sait rien du sujet.
Pour l’intervieweur :
- Terminez l’interview à la fin du temps imparti. Si vous voulez aborder d’autres points, demandez à la personne interviewée si elle peut rester plus longtemps. Si non, demandez à la rencontrer une autre fois.
- Évitez de poser des questions personnelles ou qui n’ont aucun lien avec le sujet.
- Évitez de mal prononcer le nom de la personne interviewée tout le temps. Si vous n’êtes pas certain, demandez-lui de prononcer son nom correctement avant le début de l’interview.
- N’oubliez pas que même si une interview peut être allégée ou informelle, et même si vous connaissez bien la personne que vous interviewez, il est très important que vous vous la « vouvoyez » plutôt que de la « tutoyer » à l’antenne. Le pronom « tu » est beaucoup trop informel et sied mal à une interview radiophonique.
- Par politesse, signifiez à la personne interviewée la date de diffusion de l’interview.
Pour l’expert :
- Ne parlez pas au téléphone, ne jouez pas avec votre téléphone et ne lisez pas. Il est préférable d’éteindre votre téléphone ou de le mettre sur mode silencieux.
- Évitez les réponses très brèves, abruptes qui donnent l’impression que vous souhaitez que l’interview se termine le plus rapidement possible.
- Rappelez-vous que c’est le radiodiffuseur qui doit tenir l’appareil enregistreur, et pas la personne interviewée.
- Évitez d’être sarcastique ou de ridiculiser l’intervieweur comme s’il ou elle manquait d’instruction.
- Ne monopolisez pas le temps. Une interview est une conversation, pas un cours.
- Répondez à une question à la fois. Si vous mentionnez des informations à propos desquelles l’intervieweur ne vous a pas interrogé, vous pourriez dérouter tout le cours de l’interview.
- Remercier le radiodiffuseur pour le rôle qu’il joue en communiquant des renseignements aux auditeurs, et le fait qu’il prend à cœur le besoin de diffuser des connaissances agricoles par le biais des médias de masse.
- Il revient en partie à l’intervieweur de poser des questions d’approfondissement et de contrôle. Plutôt que d’agir comme si vous vouliez les entraver, soyez-y sensibles.
- Évitez d’être arrogant et de donner l’impression « d’avoir la science infuse. »
- Évitez de changer d’avis sur le contenu de l’interview et de demander des informations qui ne serviront pas.
- Évitez de rappeler constamment à l’intervieweur vos compétences professionnelles.
- Évitez de reformuler sans arrêt les questions de l’intervieweur. Par exemple : l’intervieweur pourrait demander : Quelles sortes de mauvaises herbes nuisent au maïs? Évitez de reformuler la question en disant, par exemple : Alors, si nous parlions des types de végétaux indésirables qui font concurrence au maïs, avant la levée et après la levée, quelles sont les principales variétés?
4. Employez les bonnes techniques d’interview
À l’intention de l’intervieweur et l’expert :
- Assurez-vous que les questions et les réponses restent axées sur le sujet.
- Considérez une interview radiophonique comme un entretien privé. Soyez respectueux et amical, mais exprimez-vous de manière un peu plus solennelle que si vous discutiez avec un ami.
- Durée de l’interview : Dans une certaine mesure, la durée appropriée d’une interview dépend du but de celle-ci et du type d’émission. Dans une émission magasine, l’interview montée doit cadrer avec les autres éléments de l’émission. Rappelez-vous qu’une interview de 15 minutes sur un sujet simple réalisée avec un chercheur agricole ou un agent de vulgarisation agricole peut contenir beaucoup trop d’informations à absorber en une seule fois pour un agriculteur qui écoute. À la place, peut-être qu’une tranche d’information de trois à cinq minutes sera suffisante. Différents pays peuvent avoir différentes règles concernant ce qu’ils considèrent comme durée acceptable en matière d’interview. Toutefois, n’oubliez pas que le principal objectif ici est de fournir des informations pratiques dont pourront se souvenir les agriculteurs. Avant l’interview, notifiez à la personne interviewée que la tranche horaire pour l’interview est d’environ x minutes, et essayer ensuite d’enregistrer dans ce délai pour éviter d’avoir trop d’éléments au moment du montage.
- Pour avoir la meilleure émission radiophonique, les experts doivent s’exprimer deux ou trois minutes tout au plus à la fois sans que le radiodiffuseur pose des questions ou qu’il y ait un autre type d’interaction verbale. Il incombe à l’intervieweur de marquer régulièrement des pauses durant l’interview pour demander des éclaircissements, ajouter d’autres avis, maintenir un bon rythme et s’assurer que l’auditoire et l’intervieweur comprennent.
À l’intention de l’intervieweur :
- Demandez à l’expert d’expliquer les problèmes dans un langage clair, sans jargon. Souvenez-vous qu’un jargon n’est pas simplement un langage technique. Tous les termes non employés tous les jours font partie d’un jargon. Par exemple : si le radiodiffuseur parle en langue locale, mais utilise des termes agricoles ou de la santé en anglais ou en français, cela constitue un jargon pour l’auditoire. Essayez toujours de trouver les meilleurs termes dans la langue locale.
- Donnez suffisamment de temps aux experts pour expliquer les problèmes.
- Évitez de pousser les experts à prendre parti pour un ou l’autre groupe concerné par les problèmes, surtout lorsqu’il existe des différences notables entre les possibilités d’analyse d’importants problèmes.
À l’intention de l’expert :
- Exprimez-vous dans un langage compréhensible de l’auditoire. Par exemple : au lieu de dire : Les données biographiques révèlent une mortalité de 100 %, dites Tous les poissons sont morts. Expliquez les termes techniques que vous ne pouvez pas éviter ou qui sont particulièrement utiles.
- Évitez de donner des réponses inutilement longues. Adaptez vos réponses en fonction du temps imparti.
- Ne défendez pas exagérément une opinion particulière. Rappelez-vous que vous êtes à l’antenne pour fournir des informations utiles à l’auditoire.
5. Existe-t-il une différence entre les interviews réalisées avec des experts scientifiques et celles réalisées avec des agriculteurs experts?
- Il existe un mythe selon lequel les experts scientifiques savent tout sur la réalisation d’interviews efficaces et instructifs. En réalité, certains experts sont des personnes très douées pour les interviews, et d’autres ne le sont pas. Celles qui ne le sont pas, et les personnes qui ne sont tout simplement pas expérimentées dans le domaine des interviews, auront besoin des conseils de l’intervieweur pour les aider à offrir une interview qui servira aux auditeurs. Par exemple : les experts scientifiques interviewés peuvent ne pas comprendre que c’est l’intervieweur qui dirige l’interview et pourraient vouloir le faire eux-mêmes. Parfois, ils peuvent être dérangés par le fait que l’intervieweur les interrompe pour leur poser des questions de clarification. Essayez de les informer sur ce à quoi ils doivent s’attendre avant l’interview, surtout s’ils n’ont pas l’habitude de se faire interviewer.
- De manière générale, les opinions des experts scientifiques tendent à être plus éclairées par les études, tandis que les points de vue des agriculteurs s’inspirent de leurs connaissances, leurs expériences quotidiennes et leur savoir-faire traditionnel.
- Les interviews réalisées avec les agriculteurs experts portent généralement sur les défis, les combats et les cas de réussite, tandis que celles réalisées avec les experts se rapportent très souvent aux informations techniques.
- La principale différence se situe au niveau des points de vue. Le point de vue des agriculteurs sera basé sur l’expérience personnelle tandis que celui de l’expert pourrait être un mélange de théories et d’observations.
- Un expert scientifique cite des études et offre des informations générales reconnues d’utilité publique par une communauté d’experts, et qui sont censées être objectives. Les agriculteurs experts présentent les connaissances qu’ils ont acquises à partir de leur expérience personnelle dans leur environnement immédiat, et on peut s’attendre à ce que celles-ci soient empreintes d’une certaine subjectivité.
6. Conflits d’intérêts, différents points de vue sur le savoir-faire
- Lorsque vous interviewez des experts, rappelez-vous que chaque expert peut avoir des intérêts autres que le bien-être des agriculteurs qui écoutent. Par exemple : il se pourrait qu’un expert travaille pour une entreprise semencière, et veuille faire la promotion de ladite entreprise durant l’interview. Dans ce genre de situation, il est important que l’intervieweur signale à l’auditoire que l’expert travaille pour une entreprise qui tente de persuader les agriculteurs locaux d’utiliser une certaine variété de semence.
- De plus, les experts, qu’il s’agisse d’agents de vulgarisation agricole, de chercheurs ou d’agriculteurs, peuvent posséder de solides connaissances sur le sujet abordé, mais ils peuvent faillir, et n’ont pas toujours raison. Pour certains sujets, il peut y avoir plusieurs bonnes réponses. Les chercheurs et les agents de vulgarisation agricoles peuvent signifier honnêtement leur désaccord. Il est de la responsabilité de l’intervieweur d’exposer toutes les options importantes qui pourraient fonctionner pour les agriculteurs de l’auditoire. Les intervieweurs agissent pour le compte de leurs auditeurs afin de leur communiquer dans la mesure du possible les renseignements les plus utiles. Cela peut supposer qu’ils devront poser des questions difficiles, car les renseignements les plus utiles peuvent différer quelque peu de ce que dit l’expert, ou du message qu’essaie de transmettre l’expert. (cf. les Normes journalistiques F.A.I.R. pour les émissions agricoles, en particulier la section « Intégrité ».)
7. Résolution de conflits
Que doit faire l’intervieweur si l’expert qu’il interroge répond sans cesse indirectement ou de manière évasive?
- Reformulez vos questions.
- Interrompez l’enregistrement et encouragez poliment l’expert à faire des efforts pour donner des réponses directes. Expliquez-lui que l’auditoire a besoin de comprendre les réponses qu’il propose aux questions posées.
- Si la reformulation des questions ne fonctionne pas, l’intervieweur pourrait présenter les questions des manières suivantes : 1) « Ce point était intéressant, mais, à mon avis, je pense que ce que nos auditeurs veulent surtout savoir c’est… » ou b) « Je m’excuse, mais j’aimerais que vous nous expliquer ceci plus clairement … »
- Si l’interview est réalisée en direct, mettez-y fin tôt, afin que les auditeurs ne soient pas déçus. Si l’interview est enregistrée, assurez-vous d’interviewer un autre expert afin de compléter les informations manquantes.
Que peuvent faire les intervieweurs lorsqu’ils suspectent que certaines déclarations des experts pourraient être inexactes?
- Posez plus de questions à la personne pour obtenir plus d’explications, et demandez-lui peut-être de fournir des preuves pour étayer ses déclarations.
- Demandez-lui si la réponse fournie est un fait avéré ou une opinion personnelle, et contre-vérifiez plus tard auprès d’une source indépendante.
- Attendez jusqu’à ce l’expert ait terminé, puis présentez poliment une opinion différente que vous ont livrée d’autres sources et demandez une explication à l’expert.
- Posez poliment la question suivante à l’expert : « Que pensez-vous de l’avis suivant sur ce problème comme le suggère …? »
Que doit faire l’expert lorsque l’intervieweur ne présente pas correctement les informations agricoles durant l’interview?
- Corrigez-le simplement de manière polie, et souvenez-vous qu’il n’est pas question ici de savoir qui est meilleur que qui, mais plutôt de travailler en équipe.
- Si l’interview est en train d’être enregistré, l’expert doit expliquer la situation et corriger le radiodiffuseur.
Que doit faire l’expert lorsque le radiodiffuseur pose une question à laquelle l’expert ne peut entièrement répondre en toute liberté?
- L’expert doit fournir le plus d’informations possible, tout en précisant qu’il ou elle n’est pas en mesure ou n’est pas libre de répondre plus amplement, et exposer autant que possible les raisons de cette incapacité. L’expert doit également orienter l’intervieweur vers une personne capable de répondre plus explicitement à la question.
- Les experts doivent refuser poliment de s’exprimer sur des sujets par rapport auxquels ils ont l’obligation de ne pas divulguer certains renseignements, ou d’orienter l’intervieweur vers une autorité compétente. En fonction du sujet abordé, ils pourraient également demander à l’intervieweur de ne pas enregistrer lesdits renseignements ou ne pas les citer.
8. Esquiver les traditions et d’autres sortes d’obstacles à une bonne interview.
Il se peut qu’il y ait des obstacles, y compris des traditions et des coutumes qui vous empêchent de communiquer aisément pendant l’interview. Il est de la responsabilité de l’intervieweur de s’informer sur ces coutumes et ces barrières, et tout en les respectant, il doit tenter de trouver des moyens de transmettre les informations à l’auditoire.
9. Hommes qui interviewent des femmes et femmes qui interviewent des hommes également
(cf. Comment bien servir vos agricultrices
Radiodiffuseuse et expert de sexe masculin :
- L’intervieweuse doit s’habiller de manière convenable et respectueuse.
- Choisissez un lieu approprié pour l’interview, où les deux personnes sentiront qu’elles peuvent parler librement, et qui permet facilement à la femme de quitter l’interview si elle le décide, par exemple : si elle sent que l’expert à un comportement menaçant.
- Assurez-vous de disposer et d’employer les bons noms et les bonnes formules de politesse. Par exemple : adressez-vous aux gens en utilisant les civilités appropriées tels que « monsieur, madame, mademoiselle, chef, docteur, professeur, etc. » Vous n’avez pas besoin de mentionner que ce sont des experts. Mentionnez simplement leurs noms, leur titre et peut-être le rôle qu’ils jouent ou le poste qu’ils occupent. De cette façon, vous éviterez de donner l’impression que ces gens sont des experts et que les agriculteurs n’en sont pas.
- Évitez les stéréotypes de genre. Par exemple : l’expert pourrait citez des exemples exclusifs de vie de famille et de vie au foyer, partant du principe que l’intervieweuse ne comprendra pas les problèmes d’ordre agronomique.
- Soyez professionnelle et faites attention à ne pas avoir de gestes déplacés, ainsi qu’à votre langage corporel.
Radiodiffuseur et experte :
- Évitez les stéréotypes de genre.
- Soyez professionnelle et faites attention à ne pas avoir de gestes déplacés, ainsi qu’à votre langage corporel.
- Maintenant une distance acceptable d’un point de vue culturel entre l’experte et vous.
- Songez véritablement à réaliser l’interview durant le jour.
- Habillez-vous de manière convenable et respectueuse.
- Évitez de présenter les femmes en faisant référence à leurs relations avec les hommes (mère, épouse, etc.) ou en faisant référence à leur apparence physique (p. ex. : « attirante »). Utilisez plutôt leurs noms et leurs civilités, et ce, de la même manière dont vous auriez présenté un homme.
- Reconnaissez le statut professionnel de l’experte et attribuez-lui le même respect que vous auriez pour un expert de sexe masculin.
10. Consolidez les liens
- Au fil du temps, la confiance, qui se développe à travers la capacité (des deux parties) à être à l’heure et respecter le temps imparti, ainsi que par le fait que l’intervieweur informe la personne qu’il a interviewée de la date à laquelle les interviews seront diffusées, consolidera leurs liens.
- Les intervieweurs doivent rappeler aux personnes qu’elles interviewent d’écouter au moment où l’émission est diffusée, en plus de leur demander leurs avis et discuter des angles sous lesquels peuvent être abordées les questions d’actualité.
- Le maintien d’un contact régulier permettra d’entretenir la relation et d’éviter de donner l’impression que vous faites appel à l’expert uniquement lorsque vous voulez faire une interview. Faites cas des experts lorsque vous diffusez des histoires à succès.
- Des collaborateurs réguliers deviennent d’une certaine manière membres de l’équipe, et vous pouvez tenir des rencontres ensemble pour discuter d’éventuels émissions et sujets.
- L’intervieweur doit expliquer qu’il ou elle pourrait les contacter à nouveau pour d’autres interviews et, par conséquent, pourrait avoir besoin de leurs coordonnées détaillées.
- Ce pourrait une bonne idée d’offrir un remboursement modeste pour les dépenses telles que le transport et le temps d’antenne, mais cela ne doit jamais être considéré comme une forme de rémunération de leur participation à l’émission.
- En ce qui concerne les collaborateurs réguliers, songez à organiser des rencontres d’évaluation et de planification deux fois par an.
- Avec les collaborateurs réguliers, déterminez des périodes pour recueillir leurs impressions, faire un compte rendu, des suivis et avoir des discussions en groupe.
Où puis-je trouver d’autres informations sur les interviews réalisées avec les experts?
Remerciements
Rédaction : Vijay Cuddeford, rédacteur, Radios Rurales Internationales, et Sylvie Harrison, chef de l’équipe chargée du développement des métiers radiophoniques, Radios Rurales Internationales. Avec la contribution de Doug Ward, président du conseil d’administration, Radios Rurales Internationales et David Mowbray, conseiller principal, Radios Rurales Internationales.
Sources d’information
Les personnes suivantes ont eu l’amabilité de répondre à une série de questions, générant ainsi le volume d’informations utilisées pour la production du présent guide pratique pour la radiodiffusion :
Radiodiffuseurs :
Sheila Chimphamba, Zodiak Broadcasting Station, Malawi;
James Gumbwa, Malawi Broadcasting Corporation, Malawi;
Izaak B. Mwacha, Radio Maria, Tanzanie
Mohemedi Issa, Abood Media, Tanzanie
John Mkapani, Nkhotakota Community Radio Station, Malawi
Gideon Kwame Sarkodie Osei, ADARS FM, Ghana
Koleta Makulwa, Sahara Media, Tanzanie
Adongo Sarah, Mega FM, Ouganda
Mubiru Ali, Radio Simba, Ouganda
Oumarou Sidibe, RTB2/Bobo, Burkina Faso
Koloma Irène Sayon, Radio Kafo-Kan, Mali
Samuel T. Sawadogo, Radio Manegda, Burkina Faso
Agents de vulgarisation agricole, chercheurs et autres :
Saulosi Kachitsa, ministère du Transport et des Travaux publics, Malawi
Esnarth Nyirenda, Département des services de recherche agricole, Malawi
Fulla Yassin, conseil municipal de Longido, Tanzanie
Danley Colecraft Aidoo, Université du Ghana, campus de Legon
Paschal Atengdem, Université du Ghana, campus de Legon-Accra.
Stella Aber, Vision Mondiale, Ouganda
Philip Chidawati, Association des producteurs laitiers du Malawi
John Msemo, ministère de l’Agriculture, l’Élevage et la Pêche, Tanzanie
Tumwesige Julius, Africa 2000 Network, Ouganda
Doris Dartey, Commission nationale des médias, Ghana
Richard Bambara, ONG LVIA, Burkina Faso
Moussa Kone, Service local des productions et des industries animales (SLPIA), Bougouni, Mali
La production du présent document a été financée par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada par l’entremise du Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale (FCRSAI).